(Courriels de diversion: <aspergera@etaleras-rime.com> <contractualiserais@desorganisa-pratiquantes.com> <budgetaire@inconstitutionnalite-mordillees.com> <enseveliraient@assagie-dispersait.com> <aimants@soldee-necrologiques.com> <belligerante@emulee-montgolfieres.com> <deliberant@aviserai-emergeriez.com> <impartiaux@inacceptation-collera.com> <guerissable@recipiendaires-coopteras.com> <renouvellerai@sacraliser-denoncerez.com> )


Ci joint un texte que j'ai élaboré dans la perspective de l'interview. Je 
suppose que celui-ci se déroulera sur le mode TV, plusieurs prises puis 
montage. Le texte constitue donc le fil conducteur.

Travail intéressant il pourrait être envisagé de le communiquer à la presse 
dans le cadre de la venue de RMS (mais il faudrait certainement l'étoffer).

NOTE: si j'ai fait des erreurs merci de me corriger.

NOTE 2: je ne suis pas forcément celui qui doit répondre à l'interview, il me 
suffit d'être "l'homme de la préfecture" 8-)
(pour les ceusses qui s'inquiéteraient il y a effectivement une plaisanterie 
que je pourrais expliquer en privée et de vive voix).

A+

-- 
FaVdB
Qu'est-ce-que le projet BigLux?
Le projet BigLux est né fin 2000 au CULTe suite à l'adhésion à notre association d'utilisateurs de logiciels libres de quelques nouveaux membres. Ceux-ci souffrant de déficiences visuelles importantes se heurtaient à de nombreuses contraintes du monde des logiciels propriétaires censés couvrir leurs besoins spécifiques. Ces contraintes sont très souvent économiques mais aussi techniques.
Le premier objectif était donc de s'appuyer sur les logiciels libres dont l'un des avantages est la gratuité ou au moins le prix réduit.
Mais pour nous il y aussi d'autres intérêts qui sont bien souvent seulement intellectuels. C'est d'ailleurs le cas de la quasi totalité des développeurs de logiciels libres.

Qu'est-ce que BigLux apporte aux utilisateurs?
Bien entendu ce projet est centré sur l'accessibilité du système GNU/Linux aux non- ou mal-voyants. Mais nous nous ouvrons progressivement à d'autres handicaps, la surdité, les handicaps moteurs par exemple. Notre approche est plutôt généraliste même si nous concentrons actuellement nos efforts sur le handicap visuel.

Pourquoi ce projet est « open source »?
Tout d'abord il faut bien faire la différence entre le logiciel gratuit, l'open source et le logiciel libre. Nous disposons par exemple d'un logiciel gratuit, qui a été développé à l'université de Mons en Belgique, en partie grâce à un financement public de la recherche. Mais ce logiciel est fermé, nous n'avons pas accès au code du programme et par conséquent il est impossible d'en garantir la pérennité, « pourra-t-il toujours être utilisable dans un, deux, cinq ans? ». L'open source permettrait de disposer du code de ce programme mais avec des clauses de confidentialités ou de non modification telles que nous serions dans la même situation qu'avec l'exemple précédent. En revanche le logiciel libre garanti à l'usager 4 droits fondamentaux « utiliser le logiciel sans contraintes; pouvoir étudier son fonctionnement et l'adapter à ses besoins; en redistribuer des copies; et améliorer le programme et  diffuser ces améliorations ».
Donc nous utilisons les logiciels libres principalement parce que ce choix ouvre toutes les possibilités d'évolution et d'amélioration. Et surtout, que dans un, deux, cinq ans il sera toujours possible de le faire fonctionner.

Combien coûte le développement d'un tel projet?
Fondamentalement RIEN. En fait c'est faux. Mes amis et moi-même y consacrons du temps et comme chacun sait le temps c'est de l'argent. En l'occurrence nous y consacrons une partie (parfois importante) de nos loisirs. A d'autres occasions nous nous payons quelques voyages, comme à Bordeaux en ce moment (juillet) pour les rencontres mondiales du logiciel libre, bien entendu à nos frais (les sponsors sont rares). Donc à part notre temps et nos deniers personnels ça ne coûte rien, on peut dire que c'est du loisir.

Alors quelles sont vos motivations réelles?
Certains collectionnent les timbres d'autres construisent des maquettes, en fait tout loisir à son prix. Pour certains d'entre nous, il y a aussi la recherche d'une certaine notoriété, pour d'autres c'est le souci de conserver un niveau technique élevé. Pour moi? Vous avez remarqué que je porte des lunettes, donc je me dis que sur mes vieux jours j'aurai peut être bien besoin d'avoir une aide, alors je me fabrique cette aide. Mais, sans plaisanterie, le but réel c'est de se donner du plaisir tout en sachant que son travail va profiter à des personnes qui ont déjà un tas difficultés, alors.. oui un esprit « altruiste » voir de la générosité.

Quel est, aujourd'hui, l'état d'avancement de votre logiciel?
Sans entrer dans des détails techniques complexes il faut distinguer dans le processus de la synthèse vocale différentes étapes. La première est le « décodage » du texte, en fait la reconnaissance de la grammaire et de la syntaxe. La deuxième c'est la transformation du texte en phonème, vous savez cet alphabet un peu étrange que vous avez utilisé lors de vos premiers apprentissages de l'anglais en sixième. Enfin la troisième est la traduction de ces phonèmes en signaux sonores. Pour ce qui concerne les deux première étapes, et grâce à  certains travaux universitaires placés sous le sceau du logiciel libre nous disposons d'un programme assez performant. Certains d'entre nous approfondissent ces travaux de manière à obtenir une prosodie (la manière de dire) de meilleure qualité. Pour la troisième étape, dont je m'occupe plus particulièrement, je travaille actuellement avec un chercheur anglais qui a mis au point un programme à la fin des années 1980. Ce programme, assez satisfaisant, ne parle qu'anglais donc notre collaboration devrait aboutir pour obtenir le module manquant qui « parlera » français. C'est un exemple magistral de ce que peut apporter le logiciel libre, parce que au delà des modifications entreprises, notre ami anglais à décidé de profiter de cette expérience pour étendre les possibilités de son programme pour d'autres langues.

Pouvez-vous nous faire écouter vos premiers résultats?
Naturellement.
Une démonstration « le logiciel libre impose 4 libertés fondamentales pour les usagers: utiliser, comprendre, modifier, distribuer », base lliaphon + mbrola.

Donc quand espérez vous disposer d'un logiciel complet?
Les plus optimistes de notre groupe vous répondraient « la semaine prochaine ». Mais il faut être réaliste. Comme je vous le disais le logiciel libre c'est très souvent un loisir, donc en étant raisonnable je dirais que le logiciel complet pour sa première version utilisable pourrait être publié avant la fin de l'année. Ensuite les versions, améliorations et autres nouvelles fonctionnalités devraient se succéder rapidement et, tout aussi rapidement, nous devrions disposer d'une solution solide et très « professionnelle ». Et si vous me permettez une parenthèse je préciserais que nous sommes des amateurs, amateurs au sens premier du terme. Un amateur d'art, un secouriste, un bénévole dans une association ou dans l'humanitaire... il sont tous des amateurs, et la différence entre un véritable amateur et un professionnel ne se juge pas en termes de compétences mais seulement en termes économiques.